Child of Light ◊ Ft. Yue

carte d'identité
Nom de famille Saïanovskaya.
Prénom(s) Yue, Kentavr.
Surnom(s) Yue.
Age 26 ans.
Date et lieu de naissance 11 Février 1993 à Odessa en Ukraine.
Sexualité Indifférent.
Métier / occupation Sans emploi.
logement Sans logement définitif.
Caractère
Patience ◈ 1. Résignation ; courage pour supporter.
2. Aptitude à persévérer dans une activité, un travail de longue haleine, sans se décourager.

Attention ◈ 1. Capacité de concentrer volontairement son esprit sur un objet déterminé.
2. Sollicitude, gentillesse envers quelqu'un ; marque d'intérêt, d'affection.

Passion ◈ 1. État affectif intense et irraisonné qui domine quelqu'un.
2. Mouvement affectif très vif qui s'empare de quelqu'un en lui faisant prendre parti violemment pour ou contre quelque chose, quelqu'un.
3. Amour considéré comme une inclination irrésistible et violente.

Aimant ◈ 1. Porté à aimer, affectueux.

Introversion ◈ 1. Tendance à se replier sur soi-même, à l’isolement.

Protecteur ◈ 1. Qui vise à protéger, à sauvegarder.
2. Qui néglige sa propre intégrité en faveur de celle d’un autre.

Caractériel ◈ 1. Se dit d'une personne en conflit de façon plus ou moins permanente avec son entourage.
2. Mouvements de comportements importants poussant à l’irascibilité.

Angoissé ◈ 1. Grande inquiétude, anxiété profonde née du sentiment d'une menace imminente mais vague
2. Sentiment pénible d'alerte psychique et de mobilisation somatique devant une menace ou un danger indéterminés et se manifestant par des symptômes neurovégétatifs caractéristiques (spasmes, sudation, dyspnée, accélération du rythme cardiaque, vertiges, etc.).

Sensibilité ◈ 1. Aptitude à s'émouvoir, à éprouver des sentiments d'humanité, de compassion, de tendresse pour autrui.

Curiosité ◈ 1. Qualité de quelqu'un qui a le désir de connaître, de savoir.
2. Ce qui retient l'attention, l'intérêt.

Connaissance de la magie
Connaissez vous l'existence de la magie ? Non.

Above & Beyond
Comment se sont-ils retrouvés là ? L’Australie est bien loin de leur terre natale, l’Ukraine. Il n’y a aucune corrélation, à bien y penser. Aucune raison supérieure ou logique à ce qu’un pays plus qu’un autre ait mené à cette situation. Yun ne réalise pas. Ses yeux sont presque vides, vitreux, et les orbites enfoncés. Les cernes qui parent son visage s’accordent à son teint blafard, à ses lignes creusées, émaciées. Sa main presque froide semble d’une rigidité peu commune. Presque cadavérique. Elle est pourtant bien serrée à l’étroit des paumes de son frère. Yue n’a pas quitté son chevet depuis désormais trente-six heures. Les médecins ne comprennent pas. Le bip incessant des machines n’aide pas. Le vrombissement du personnel hospitalier, du monde entier leur échappe. Comme toujours, ils sont dans leur bulle. Dans leur espace. Dans leur univers. Et Yun sourit tendrement à Yue pour la dernière fois.

Heure du décès, 4h23, le 17 Juin 2019.

Aujourd’hui, la fête bat son plein à Mapple Town. Les festivités hivernales ont débuté quelques jours plus tôt. Yun avait insisté pour aller visiter l’hiver en été. C’était quelque chose qui le fascinait. Parce qu’il voulait voir la neige en plein mois de Juin. Aucune des explications de son frère aîné n’avaient suffit à le raisonner. Après tout, ce n’était qu’un voyage de plus. Qu’une destination supplémentaire à leur très, très long carnet de voyage. Ils n’avaient jamais eu à craindre de leurs finances. On dit merci à papa, parce que maman a quitté le bateau il y’a longtemps de ça.

A l’époque, on vous appelait déjà les inséparables. Vous n’aviez qu’un an d’écart, tout le monde dit qu’avec si peu de différence, vous seriez comme des jumeaux. Pour une fois qu’un stéréotype a raison, il faut bien l’indiquer. Vous étiez comme les deux doigts de la main. Vous avez grandi ensemble, Yue entraînant Yun, les deux petits n’ont pas besoin de leur maman, ils se suffisent amplement à eux deux.

La seule différence, c’est que justement, l’écart entre eux deux s’est très rapidement marqué. On dit - encore - que le second enfant apprend plus vite. Qu’il est précisément celui qui, dans le sillage de son aîné, fera des progrès plus fulgurants. Mais à trois ans, Yun ne parle toujours pas. Pas un mot, un silence permanent. Il n’a pas mal non. Il est même terriblement charmant avec ses grands sourires et ses yeux qui brillent de mille éclats. Il n’est pas muet, non, car à sa façon, il crée des sons qu’il a associé aux éléments importants de sa vie. Faim. Soif. Dormir. Yue.

Le diagnostic est tombé lorsque Yun avait quatre ans. Une forme d’autisme ralentissant le développement cognitif de l’enfant. Il ne ressent pas le besoin d’échanger car son monde est si attentif à lui que l’effort ne lui est pas nécessaire. Leur père a bien tout essayé. Thérapie, traitements, toute les batteries d’examens possibles. Yun ne fait aucun progrès. Au contraire. Jusqu’au jour où en balade à vélo Yue était tombé et s’était blessé, tentant de retenir ses larmes comme un grand à son genou salement écorché, mais les pleurs firent surface rapidement. Ce jour-là, Yun dit le nom de son frère pour la première fois. Vous étiez déjà inséparables, mais c’est à ce moment précis que Yue a réalisé que Yun était tout son monde. Et réciproquement, Yun ne voyait que Yue.

A partir de là, tout s’est joué dans l’incapacité totale du père à dire non à ses deux bambins. Trop occupé avec sa compagnie. Trop préoccupé par le simple fait de brasser de l’argent tout en élevant deux enfants à bout de bras. En réalité, ce sont plutôt les nourrices qui ont élevé Yue et Yun. Mais eux ne s’en sont jamais plaint. Ils ont même pu faire le caprice de ne pas aller à l’école et d’être éduqué au sein même de leur maison. Adieu l’éducation ukrainienne. Bonjour l’internationalisme. Et pendant fort longtemps, le coloriage pour Yun. C’est d’ailleurs comme ça que Yue s’est mis au dessin. Il griffonnait sur des bords de pages. Puis sur des feuilles entières. Et rapidement, ses dessins sont devenus les coloriages improbables de Yun. Ca faisait des économies, tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, non ?

La suite est plutôt simple. Lorsque âgé de seize ans Yue avait atteint le niveau scolaire suffisant pour entrer à l’université - pas n’importe où, il a passé avec succès les concours pour le MIT et Harvard… Mais aucune des deux ne l’intéresse - il a passé un pacte avec son père. D’un côté, Yue obtient de son père de pouvoir faire le tour du monde aux frais de la princesse pour emmener Yun mener toutes les aventures dont il rêve. En contrepartie, Yue s’engage à reprendre la compagnie de son père lorsque le temps viendra. Un pacte scellé par téléphone. Il ne faut pas non plus trop espérer.

De là, Yue emmena Yun faire le tour du monde. Yun était passionné de voyage. Passionné de couleurs, de paysages et de livres de contes. Chaque château, chaque illustration, chaque peinture. Ils s’étaient pris de passion pour retrouver les lieux exactes de ces compositions. Et pendant que Yun, des heures durant, observait les couleurs du ciel à l’horizon, Yue reproduisait à la perfection les oeuvres guidant leurs voyages. Au seul détail près que chacune s’illumine de la silhouette de Yun.

C’était leur voyage. Leur destin. Ils revenaient de temps en temps à Odessa, évidemment. Yue avait même fait le choix de mener ses études à Harvard en économie par le biais de la correspondance, puis en ligne. Il lui fallut plus de temps que la moyenne pour accommoder de l’ensemble des crédits nécessaires. Mais il fut diplômé. Il apprit la nouvelle sur une plage balinaise, à trinquer au jus de fruit avec un Yun rayonnant de bonheur.

Leur relation n’avait aucun pareil. Ils étaient comme ces oiseaux qui un jour s’aiment et plus jamais ne se quittent. C’est ça qui les a toujours tenus. L’amour inconditionnel de Yue pour Yun. On leur a même dit pendant l’un de leurs voyages en Chine que c’était évident. Que la Lune ne brille que grâce au Soleil. Ce jour-là, Yue s’endormit en serrant Yun un peu plus étroitement dans ses bras.

« Yue ? »

« Rendors-toi. Je t’aime, Yun. »

« Je t’aime encore plus ! »

« T’as raison petit frère. Y’a personne qui m’aime plus que toi. »

Ils ont traversé de nombreux continents. Harpenté de multiples pays. Ont traversé la jungle amazonienne, ont gravi les Alpes, nagé dans la mer noire, traversé la grande muraille de Chine. Yun voulait absolument aller à la grande fête de l’île du Prince de Galles en Australie. Il voulait voir les feux d’artifice briller sur l’océan. C’était sa nouvelle lubie. Alors la destination suivante fut celle-là. L’Australie. Mapple Town est une petite ville charmante. Comme partout, vous y prenez une chambre d’hôtel. Vous êtes deux étrangers en ville pour les festivités. Quoi d’anormal ?

Rien. Si ce n’est le comportement de Yun. C’est venu rapidement. Il a commencé à se plaindre d’être excessivement fatigué. De maux de tête. De frissons et de douleurs. Yue n’est pas médecin. Il regretterait presque de ne pas avoir fait ce choix plutôt qu’un autre dans ses études. Il est simplement impuissant. Votre père est alerté. Yue l’emmène immédiatement aux urgences. Les douleurs s’amplifient. On ne trouve pas de raison, pas de fondement, pas de logique.

Yue est assis là, sur une chaise près du lit de Yun. Il a l’air épuisé, il est pâle, sa main entre les siennes est froide, presque livide. Yun lui sourit et Yue se relève pour l’embrasser sur le front.

« Je t’aime, Yun. »

« Je t’aime encore plus. »